Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/229

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fit quelque bruit et dont on parla beaucoup à cause d’une circonstance particulière. Un jour qu’il cheminait sur la route de Jérusalem à Gaza, laquelle est fort déserte[1], il rencontra un riche voyageur, évidemment un étranger, car il allait en char, mode de locomotion qui de tout temps fut presque inconnu aux habitants de la Syrie et de la Palestine. Il revenait de Jérusalem, et, assis gravement, il lisait la Bible à haute voix, selon un usage alors assez répandu[2]. Philippe, qui en toute chose croyait agir par une inspiration d’en haut, se sentit comme attiré vers ce char. Il se mit à le côtoyer, et entra doucement en conversation avec l’opulent personnage, s’offrant à lui expliquer les endroits qu’il ne comprendrait pas. Ce fut pour l’évangéliste une belle occasion de développer la thèse chrétienne sur les figures de l’Ancien Testament. Il prouva que, dans les livres prophétiques, tout se rapportait à Jésus, que Jésus était le mot de la grande énigme, que c’était de lui en particulier que le Voyant avait parlé dans ce beau passage : « Il a été conduit comme une brebis à la mort ; comme un agneau, muet devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la

  1. Robinson, Bibl. researches, II, p. 41 et 514-515 (2e édit.).
  2. Talm. de Bab., Erubin, 53 b et 54 a ; Sota, 46 b.