Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/240

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du Talmud. Paul, en général, se laisse conduire par les mots plus que par les idées. Un mot qu’il a dans l’esprit le domine et le conduit à un ordre de pensées fort éloigné de l’objet principal. Ses transitions sont brusques, ses développements interrompus, ses périodes fréquemment suspendues. Aucun écrivain ne fut plus inégal. On chercherait vainement dans toutes les littératures un phénomène aussi bizarre que celui d’une page sublime, comme le treizième chapitre de la première épître aux Corinthiens, à côté de faibles argumentations, de pénibles redites, de fastidieuses subtilités.

Son père le destina de bonne heure à être rabbi. Mais, selon l’usage général[1], il lui donna un état. Paul était tapissier[2], ou, si l’on aime mieux, ouvrier en ces grosses toiles de Cilicie qu’on appelait cilicium. A diverses reprises, il exerça ce métier[3] ; il n’avait pas de fortune patrimoniale. Il eut au moins une sœur, dont le fils habita Jérusalem[4]. Les indices qu’on a d’un frère[5] et d’autres parents[6], qui auraient embrassé

  1. Voir Vie de Jésus, p. 72.
  2. Act., xviii, 3.
  3. Ibid., xviii, 3 ; I Cor., iv, 12 ; I Thess., ii, 9 ; II Thess., iii, 8.
  4. Act., xxiii, 16.
  5. II Cor., viii, 18, 22 ; xii, 18.
  6. Rom., xvi, 7, 11, 21. Sur le sens de συγγενής en ces passages, voir ci-dessus, p. 108, note 6.