Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/245

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les larges idées que professa saint Paul devenu chrétien furent-elles une réminiscence des enseignements de son premier maître ; il faut avouer toutefois que ce ne fut pas la modération qu’il apprit d’abord de lui. Dans cette atmosphère brûlante de Jérusalem, il arriva à un degré extrême de fanatisme. Il était à la tête du jeune parti pharisien, rigoriste et exalté, qui poussait l’attachement au passé national jusqu’aux derniers excès[1]. Il ne connut pas Jésus[2] et ne fut pas mêlé à la scène sanglante du Golgotha. Mais nous l’avons vu prenant une part active au meurtre d’Étienne, et figurant en première ligne parmi les persécuteurs de l’Église. Il ne respirait que mort et menaces, et courait Jérusalem en vrai forcené, porteur d’un mandat qui autorisait toutes ses brutalités. Il allait de synagogue en synagogue, forçant les gens timides de renier le nom de Jésus, faisant fouetter ou emprisonner les autres[3]. Quand l’Église de Jérusalem fut dispersée, sa rage se répandit sur les villes voisines[4] ; les progrès que

  1. Gal., i, 13-14 ; Act., xxii, 3 ; xxvi, 5.
  2. II Cor., v, 16, ne l’implique nullement. Les passages Act., xxii, 3 ; xxvi, 4, portent à croire que Paul s’est trouvé à Jérusalem en même temps que Jésus. Mais ce n’est pas une raison pour qu’ils se soient vus.
  3. Act., xxii, 4, 19 ; xxvi, 10-11.
  4. Ibid., xxvi, 11.