Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/247

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avait subitement arrêté Vitellius[1]. Hâreth s’était emparé de Damas et y avait établi un ethnarque ou gouverneur[2]. Les juifs, dans ces moments d’occupation nouvelle, formaient un parti considérable. Ils étaient nombreux à Damas et y exerçaient un grand prosélytisme, notamment parmi les femmes[3]. On voulait les contenter ; le moyen de les gagner était toujours de faire des concessions à leur autonomie, et toute concession à leur autonomie était une permission de violences religieuses[4]. Punir, tuer ceux qui ne pensaient pas comme eux, voilà ce qu’ils appelaient indépendance et liberté.

Paul, sorti de Jérusalem, suivit sans doute la route ordinaire, et passa le Jourdain au « pont des Filles de Jacob ». L’exaltation de son cerveau était à son comble ; il était par moments troublé, ébranlé. La passion n’est pas une règle de foi. L’homme passionné va d’une croyance à une autre fort diverse ; seulement, il y porte la même fougue. Comme toutes

  1. Jos., B. J., II, xx, 2.
  2. II Cor., xi, 32. La série des monnaies romaines de Damas offre, en effet, une lacune pour les règnes de Caligula et de Claude. Eckhel, Doctrina num. vet., pars 1a, vol. III, p. 330. La monnaie damasquine au type d’« Arétas philhellène » (ibid.) semble être de notre Hâreth [communication de M. Waddington].
  3. Jos., Ant., XVIII, v, 1, 3.
  4. Comp. Act., xii, 3 ; xxiv, 27 ; xxv, 9.