Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

légat impérial de Syrie. Portée tout d’abord par les Séleucides à un haut degré de splendeur, elle n’avait fait que profiter de l’occupation romaine. En général, les Séleucides avaient devancé les Romains dans le goût des décorations théâtrales appliquées aux grandes cités. Temples, aqueducs, bains, basiliques, rien ne manquait à Antioche de ce qui faisait une grande ville syrienne de cette époque. Les rues bordées de colonnades, avec leurs carrefours décorés de statues, y avaient plus de symétrie et de régularité que partout ailleurs[1]. Un Corso orné de quatre rangs de colonnes, formant deux galeries couvertes avec une large avenue au milieu, traversait la ville de part en part[2], sur une longueur de trente-six stades (plus d’une lieue)[3]. Mais Antioche n’avait pas seulement d’immenses construc-

    p. 68. Jean Chrysostome, In sanct. Ignatium, 4 (Opp. t. II, p. 597, édit. Montfaucon) ; In Matth., homilia lxxxv, 4 (t. VII, p. 810), évalue la population d’Antioche à deux cent mille âmes, sans compter les esclaves, les enfants et les immenses faubourgs. La ville actuelle n’a pas plus de sept mille habitants.

  1. Les rues analogues de Palmyre, Gérase, Gadare, Sébaste étaient probablement des imitations du grand Corso d’Antioche.
  2. On en trouve quelques traces dans la direction de Bâb Bolos.
  3. Dion Chrysostome, Orat. xlvii (t. II, p. 229, édit. de Reiske) ; Libanius, Antiochicus, p. 337, 340, 342, 356 (édit. Reiske) ; Malala, p. 232 et suiv., 276, 280 et suiv. (édit. de Bonn). Le constructeur de ces grands ouvrages fut Antiochus Épiphane.