Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/29

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l’ascension n’eut lieu qu’au bout de quarante jours, il est clair que cette seconde version nous présente une forme plus avancée de la légende, une forme qu’on adopta quand on sentit le besoin de créer de la place pour les diverses apparitions et de donner à la vie d’outre-tombe de Jésus un cadre complet et logique. On serait donc tenté de supposer que cette nouvelle façon de concevoir les choses ne parvint à l’auteur, ou ne lui vint à l’esprit, que dans l’intervalle de la rédaction des deux ouvrages. En tout cas, il reste très-remarquable que l’auteur, à quelques lignes de distance, se croie obligé d’ajouter de nouvelles circonstances à son premier récit et de le développer. Si son premier livre était encore entre ses mains, que n’y faisait-il les additions qui, séparées comme elles le sont, offrent quelque chose de si gauche ? Cela n’est cependant pas décisif, et une circonstance grave porte à croire que Luc conçut en même temps le plan de l’ensemble. C’est la préface placée en tête de l’Évangile, laquelle semble commune aux deux livres[1]. La contradiction que nous venons de signaler s’explique peut-être par le peu de souci qu’on avait de présenter un emploi rigoureux du temps. C’est là ce qui fait que tous les

  1. Remarquez surtout Luc, i, 1, l’expression τῶν πεπληροφορημένων ἐν ἡμῖν πραγμάτων.