Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/297

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sait d’orgueil les Juifs de Jérusalem n’existait pas dans ces grandes villes d’une civilisation toute profane, où l’horizon était plus étendu et où les préjugés étaient moins enracinés. Les missionnaires chypriotes et cyrénéens furent donc amenés à se départir de leur règle. Ils prêchèrent indifféremment aux Juifs et aux Grecs[1].

Les dispositions réciproques de la population juive et de la population païenne paraissent, à ce moment, avoir été fort mauvaises[2]. Mais des circonstances d’un autre ordre servirent peut-être les idées nouvelles. Le tremblement de terre qui avait gravement endommagé la cité le 23 mars de l’an 37 occupait encore les esprits. Toute la ville ne parlait que d’un charlatan nommé Debborius, qui prétendait empêcher le retour de tels accidents par des talismans ridicules[3]. Cela tenait les esprits tendus vers les choses surnaturelles. Quoi qu’il en soit, le succès de la prédication chrétienne fut très-grand. Une jeune Église ardente, novatrice, pleine d’avenir,

  1. Act., xi, 20-21. La bonne leçon est Ἕλληνας. Ἑλληνιστάς est venu d’un faux rapprochement avec ix, 29.
  2. Malala, p. 245. Le récit de Malala ne peut, du reste, être exact. Josèphe ne dit pas mot de l’invasion dont parle le chronographe.
  3. Ibid., p. 243, 265-266. Comparez Comptes rendus de l’Acad. des Inscr. et B.-L., séance du 17 août 1865.