Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/32

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d’apologiste à toute outrance qui est celui des historiens officiels de la cour de Rome. Il fit comme ferait un historien ultramontain de Clément XIV, louant à la fois le pape et les jésuites, et cherchant à nous persuader, par un récit plein de componction, que, des deux côtés, en ce débat, on observe les règles de la charité. Dans deux cents ans, on établira aussi que le cardinal Antonelli et M. de Mérode s’aimaient comme deux frères. L’auteur des Actes fut, mais avec une naïveté qu’on n’égala plus, le premier de ces narrateurs complaisants, béatement satisfaits, décidés à trouver que tout dans l’Église se passe d’une façon évangélique. Trop loyal pour condamner son maître Paul, trop orthodoxe pour ne pas se ranger à l’opinion officielle qui prévalait, il effaça les différences de doctrine pour laisser voir seulement le but commun, que tous ces grands fondateurs poursuivirent en effet par des voies si opposées et à travers de si énergiques rivalités.

On comprend qu’un homme qui s’est mis par système dans une telle disposition d’âme est le moins capable du monde de représenter les choses comme elles se sont passées. La fidélité historique est pour lui chose indifférente ; l’édification est tout ce qui importe. Luc s’en cache à peine ; il écrit « pour que Théophile reconnaisse la vérité de ce que ses