Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/337

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tisme ne s’en mêlât[1]. C’était pour défendre la Loi que ces misérables s’armaient du poignard. Quiconque manquait devant eux à une des prescriptions légales, voyait son arrêt prononcé et aussitôt exécuté. Ils croyaient par là faire l’œuvre la plus méritoire et la plus agréable à Dieu.

Des rêveries analogues à celles de Theudas se renouvelaient de toutes parts. Des personnages, se prétendant inspirés, soulevaient le peuple et l’entraînaient avec eux au désert, sous prétexte de lui faire voir, par des signes manifestes, que Dieu allait le délivrer. L’autorité romaine exterminait par milliers les dupes de ces agitateurs[2]. Un juif d’Égypte qui vint à Jérusalem, vers l’an 56, eut l’art, par ses prestiges, d’attirer après lui trente mille personnes, entre lesquelles quatre mille sicaires. Du désert, il voulut les mener sur la montagne des Oliviers, pour voir de là, disait-il, tomber à sa seule parole les murailles de Jérusalem. Félix, qui était alors procurateur, marcha contre lui et dissipa sa bande. L’Égyptien se sauva, et ne parut plus depuis[3]. Mais, comme dans un corps malsain les maux se succèdent les uns aux autres, on vit bientôt après

  1. Jos., B. J., VII, viii, 1 ; Mischna, Sanhédrin, ix, 6.
  2. Jos., Ant., XX, viii, 6, 10 ; B. J., II, xiii, 4.
  3. Jos., Ant., XX, viii, 6 ; B. J., II, xiii, 5 ; Act., xxi, 38.