Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/340

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c’est-à-dire le Jahveh samaritain, entendu selon la force étymologique de son nom, l’Être éternel, unique, s’engendrant lui-même, s’augmentant lui-même, se cherchant lui-même, se trouvant lui-même, père, mère, sœur, époux, fils de lui-même[1]. Au sein de cet infini, tout existe éternellement en puissance ; tout passe à l’acte et à la réalité par la conscience de l’homme, par la raison, le langage et la science[2]. Le monde s’explique soit par une hiérarchie de principes abstraits, analogues aux Æons du gnosticisme et à l’arbre séphirotique de la cabbale, soit par un système d’anges qui semble emprunté aux croyances de la Perse. Parfois, ces abstractions sont présentées comme des traductions de faits physiques et physiologiques. D’autres fois, les « puissances divines », considérées comme des substances séparées, se réalisent en des incarnations successives, soit féminines, soit masculines, dont le but est la délivrance des créatures engagées dans les liens de la matière. La première de ces « puissances » est celle qui s’appelle par excellence « la Grande », et qui est l’intelligence de ce monde, l’universelle Providence[3]. Elle est masculine. Simon

  1. Philosophum., VI, i, 17.
  2. Ibid., VI, i, 16.
  3. Act., viii, 10 ; Philosophum., VI, i, 18 ; Homil. pseudo-clem., ii, 22.