Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/341

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passait pour en être l’incarnation. À côté d’elle est sa syzygie féminine, « la Grande Pensée ». Habitué à revêtir ses théories d’un symbolisme étrange et à imaginer des interprétations allégoriques pour les anciens textes sacrés et profanes, Simon, ou l’auteur de la Grande Exposition, donnait à cette vertu divine le nom d’« Hélène », signifiant par là qu’elle était l’objet de l’universelle poursuite, la cause éternelle de dispute entre les hommes, celle qui se venge de ses ennemis en les rendant aveugles, jusqu’au moment où ils consentent à chanter la palinodie[1] ; thème bizarre qui, mal compris, ou travesti à dessein, donna lieu chez les Pères de l’Église aux contes les plus puérils[2]. La connaissance de la littérature grecque que possède l’auteur de la Grande Exposition est, en tout cas, très-remarquable. Il soutenait que, quand on sait les comprendre, les écrits des païens suffisent à la connaissance de toutes choses[3]. Son large éclectisme embrassait toutes les révélations et cherchait à les fondre en un seul ordre de vérités.

Quant au fond de son système, il a beaucoup d’analogie avec celui de Valentin et avec les doctrines sur

  1. Allusion à l’aventure du poëte Stésichore.
  2. Irénée, Adv. hær., I, xxiii, 2-4 ; Homil. pseudo-clem., ii, 23, 25 ; Philosophumena, VI, i, 19.
  3. Philosophumena., VI, i, 16.