Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il essaya d’un éclectisme analogue à celui que pratiqua plus tard Mahomet, et qu’il tenta de fonder son rôle religieux sur l’acceptation préalable de la mission divine de Jean[1] et de Jésus. Il voulut être en rapport mystique avec eux. Il soutint, dit-on, que c’était lui, Simon, qui était apparu aux Samaritains comme Père, aux Juifs par le crucifiement visible du Fils, aux gentils par l’infusion du Saint-Esprit[2]. Il prépara aussi la voie, ce semble, à la doctrine des docètes. Il disait que c’était lui qui avait souffert en Judée dans la personne de Jésus, mais que cette souffrance n’avait été qu’apparente[3]. Sa prétention à être la Divinité même et à se faire adorer a été probablement exagérée par les chrétiens, qui n’ont cherché qu’à le rendre odieux.

On voit, du reste, que la doctrine de la Grande Exposition est celle de presque tous les écrits gnostiques ; si vraiment Simon a professé ces doctrines, c’est avec pleine raison que les Pères de l’Église ont fait de lui le fondateur du gnosticisme[4]. Nous croyons que la Grande Exposition n’a qu’une authenticité

    la Grande Exposition. Mais il peut y avoir ici quelque inadvertance.

  1. Homil. pseudo-clem., ii, 23-24.
  2. Irénée, Adv. hær., I, xxiii, 3 ; Philosophum., VI, i, 19.
  3. Homil. pseudo-clem., ii, 22 ; Recogn., ii, 14.
  4. Irénée, Adv. hær., II, præf. ; III, præf.