Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/363

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leur loi et leur histoire. Tantôt on les trouvait superstitieux[1], cruels[2] ; tantôt, athées, contempteurs des dieux[3]. Leur aversion pour les images paraissait de la pure impiété. La circoncision surtout fournissait le thème d’interminables railleries[4].

Mais ces jugements superficiels n’étaient pas ceux de tous. Les juifs avaient autant d’amis que de détracteurs. Leur gravité, leurs bonnes mœurs, la simplicité de leur culte charmaient une foule de gens. On sentait en eux quelque chose de supérieur. Une vaste propagande monothéiste et mosaïque s’organisait[5] ; une sorte de tourbillon puissant se formait autour de ce singulier petit peuple. Le pauvre colporteur juif du

  1. Horace, Sat., I, v, 100 ; Juvenal, Sat., vi, 544 et suiv. ; xiv, 96 et suiv. ; Apulée, Florida, I, 6.
  2. Dion Cassius, LXVIII, 32.
  3. Tacite, Hist., V, 5, 9 ; Dion Cassius, LXVII, 14.
  4. Horace, Sat., I, ix, 70 ; Judaeus Apella paraît renfermer une plaisanterie du même genre (voir les scoliastes Acron et Porphyrion, sur Hor., Sat., I, v, 100 ; comparez le passage de S. Avitus, Poemata, V, 364, cité par Forcellini, au mot Apella, mais que je ne retrouve ni dans les éditions de ce Père ni dans l’ancien manuscrit latin, Bibl. Imp., no 11320, tel que le donne le savant lexicographe) ; Juvénal, Sat., xiv, 99 et suiv. ; Martial, Epigr., VII, 29, 34, 54 ; XI, 95.
  5. Josèphe, Contre Apion, II, 39 ; Tac, Ann., II, 85 ; Hist., V, 5 ; Hor., Sat., iv, 142-143 ; Juvénal, xiv, 96 et suiv. ; Dion Cassius, XXXVII, 17 ; LXVII, 14.