Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/366

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment démocratique de la folie des mondains, de la vanité des richesses et des grandeurs profanes, s’y exprimait finement. On y comprenait peu le monde païen, et on le jugeait avec une sévérité outrée ; la civilisation romaine paraissait un amas d’impuretés et de vices odieux[1], de la même manière qu’un honnête ouvrier de nos jours, imbu des déclamations socialistes, se représente les « aristocrates » sous les couleurs les plus noires. Mais il y avait là de la vie, de la gaieté, de l’intérêt, comme aujourd’hui dans les plus pauvres synagogues des juifs de Pologne et de Gallicie. Le manque d’élégance et de délicatesse dans les habitudes était compensé par un précieux esprit de famille et de bonhomie patriarcale. Dans la grande société, au contraire, l’égoïsme et l’isolement des âmes avaient porté leurs derniers fruits.

La parole de Zacharie[2] se vérifiait : le monde se prenait aux pans de l’habit des Juifs et leur disait : « Menez-nous à Jérusalem ». Il n’y avait pas de grande ville où l’on n’observât le sabbat, le jeûne et les autres cérémonies du judaïsme[3]. Josèphe[4] ose provoquer ceux qui en douteraient à considérer

  1. Rom., i, 24 et suiv.
  2. Zach., viii, 23.
  3. Hor. Sat., I, ix, 69 ; Perse, v, 179 et suiv. ; Juvénal, Sat., vi, 159 ; XIV, 96 et suiv.
  4. Contre Apion, II, 39.