Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/372

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phique des Européens, encore moins leur vigueur ; faible de corps, pâle, souvent fiévreux, ne sachant ni manger ni dormir à des heures réglées, à la façon de nos lourdes et solides races, consommant peu de viande, vivant d’oignons et de courges, dormant peu et d’un sommeil léger, le Syrien mourait jeune et était habituellement malade[1]. Ce qu’il avait en propre, c’était l’humilité, la douceur, l’affabilité, une certaine bonté ; nulle solidité d’esprit, mais beaucoup de charme ; peu de bon sens, si ce n’est quand il s’agissait de son négoce, mais une étonnante ardeur et une séduction toute féminine. Le Syrien, n’ayant jamais eu de vie politique, a une aptitude toute particulière pour les mouvements religieux. Ce pauvre Maronite, à demi femme, humble, déguenillé, a fait la plus grande des révolutions. Son ancêtre, le Syrus de Rome, a été le plus zélé porteur de la bonne nouvelle à tous les affligés. Chaque année amenait en Grèce, en Italie, en Gaule, des colonies de ces Syriens poussés par le goût naturel qu’ils avaient pour les petites affaires[2]. On les reconnaissait sur les

  1. Tel est aujourd’hui le tempérament du Syrien chrétien.
  2. Inscriptions dans les Mém. de la Soc. des Antiquaires de Fr., t. XXVIII, 4 et suiv. ; dans Leblant, Inscript. chrét. de la Gaule, I, p. cxliv, 207, 324 et suiv., 353 et suiv., 375 et suiv. ; II, 259, 459 et suiv.