Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/378

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puissants auprès des scélérats qui gouvernaient. Les plus choquantes ignominies de l’Empire, telles que l’apothéose de l’empereur, sa divinisation de son vivant, venaient de l’Orient, et surtout de l’Égypte, qui était alors un des pays les plus corrompus de l’univers[1].

Le véritable esprit romain, en effet, vivait encore. La noblesse humaine était loin d’être éteinte. Une grande tradition de fierté et de vertu se continuait dans quelques familles, qui arrivèrent au pouvoir avec Nerva, qui firent la splendeur du siècle des Antonins et dont Tacite a été l’éloquent interprète. Un temps où se préparaient des esprits aussi profondément honnêtes que Quintilien, Pline le Jeune, Tacite, n’est pas un temps dont il faille désespérer. Le débordement de la surface n’atteignait pas le grand fond d’honnêteté et de sérieux qui était dans la bonne société romaine ; quelques familles offraient encore des modèles d’ordre, de dévouement au devoir, de concorde, de solide vertu. Il y avait dans les maisons nobles d’admirables épouses, d’admirables sœurs[2]. Fut-il jamais destinée

  1. Voir l’inscription du parasite d’Antoine, dans les Comptes-rendus de l’Acad. des Inscr. et B.-L., 1864, p. 166 et suiv. Comparez Tacite, Ann., IV, 55-56.
  2. Voir comme exemple l’oraison funèbre de Turia, par son mari Q. Lucrétius Vespillo ; texte épigraphique publié pour la