Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/387

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sur la scène tuaient quelquefois. Ils tuèrent Socrate ; ils faillirent tuer Alcibiade. Anaxagore, Protagoras, Théodore l’Athée, Diagoras de Mélos, Prodicus de Céos, Stilpon, Aristote, Théophraste, Aspasie, Euripide[1], furent plus ou moins sérieusement inquiétés. La liberté de penser fut, en somme, le fruit des royautés sorties de la conquête macédonienne. Ce furent les Attales, les Ptolémées, qui les premiers donnèrent aux penseurs les facilités qu’aucune des vieilles républiques ne leur avait offertes. L’empire romain continua la même tradition. Il y eut, sous l’Empire, plus d’un acte arbitraire contre les philosophes ; mais cela venait toujours de ce qu’ils s’occupaient de politique[2]. On chercherait vainement, dans le recueil des lois romaines antérieures à Constantin, un texte contre la liberté de penser ; dans l’histoire des empereurs, un procès de doctrine abstraite. Pas un savant ne fut inquiété. Des hommes que le moyen âge eût brûlés, tels que Galien, Lucien, Plotin, vécurent tranquilles, protégés par la loi. L’Empire inaugura une période de liberté, en ce

  1. Diog. Laërce, II, 101, 116 ; V, 5, 6, 37, 38 ; IX, 52 ; Athénée, XIII, 92 ; XV, 52 ; Élien, Var. Hist., II, 23 ; III, 36 ; Plutarque, Périclès, 32 ; De plac. philos., I, vii, 2 ; Diod. Sic, XIII, vi, 7 ; Scol. d’Aristophane, in Aves, 1073.
  2. En particulier, sous Vespasien ; fait d’Helvidius Priscus.