Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/424

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vées sur des stèles, ses archives, sa caisse commune, alimentée par des dons volontaires et des cotisations. Les éranistes, ou thiasites, célébraient ensemble certaines fêtes, se réunissaient pour des banquets, où régnait la cordialité[1]. Le sociétaire, dans ses embarras d’argent, pouvait faire des emprunts à la caisse, à charge de remboursement. Les femmes faisaient partie de ces éranes ; elles avaient leur présidente à part (proéranistrie). Les assemblées étaient absolument secrètes ; un règlement sévère y maintenait l’ordre ; elles avaient lieu, ce semble, dans des jardins fermés, entourés de portiques ou de petites constructions, et au milieu desquels s’élevait l’autel des sacrifices[2]. Enfin, chaque congrégation avait un corps de dignitaires, tirés au sort pour un an (clérotes[3]), selon l’usage des anciennes démocraties grecques, et d’où le « clergé » chrétien[4] peut

    inscr. græc, nos 120, 126, 2525 b, 2562 ; Rhangabé, Antiq. hellen., no 811 ; Henzen, no 6082 ; Virgile, Ecl., v, 30. Comp. Harpocration, Lex., au mot. ἐρανιστής ; Festus, au mot Thiasitas ; Digeste, XLVII, xxii, de Coll. et Corp., 4 ; Pline, Epist., X, 93, 94.

  1. Aristote. Mor. à Nicom., VIII, ix, 5 ; Plut., Quest, grecques, 44.
  2. Wescher, dans les Archives des missions scientif., 2e série, t. I, p. 432, et Rev. arch., sept. 1865, p. 221-222. Cf. Aristote, Œconom., II, 3 ; Strabon, IX, i, 15 ; Corpus inscr. gr., no 2271, lignes 13-14.
  3. Κληρωτοί.
  4. Κλῆρος. L’étymologie ecclésiastique de κλῆρος est différente et