Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/81

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matin, la pierre n’était pas à sa place. Le caveau était ouvert. Le corps n’y était plus. L’idée de la résurrection était encore chez elle peu développée. Ce qui remplissait son âme, c’était un regret tendre et le désir de rendre les soins funèbres au corps de son divin ami. Aussi ses premiers sentiments furent-ils la surprise et la douleur. La disparition de ce corps chéri lui enlevait la dernière joie sur laquelle elle avait compté. Elle ne le toucherait plus de ses mains !… Et qu’était-il devenu ?… L’idée d’une profanation se présenta à elle et la révolta. Peut-être, en même temps, une lueur d’espoir traversa son esprit. Sans perdre un moment, elle court à une maison où Pierre et Jean étaient réunis[1] : « On a pris le corps

  1. En tout ceci, le récit du quatrième Évangile a une grande supériorité. Il nous sert de guide principal. Dans Luc, xxiv, 12, Pierre seul va au tombeau. Dans la finale de Marc donnée par le manuscrit L et par la marge de la version philoxénienne (Griesbach, loc. cit.), il y a τοῖς περὶ τὸν Πέτρον. Saint Paul (I Cor., xv, 5) également ne fait figurer que Pierre en cette première vision. Plus loin, Luc (xxiv, 24) suppose que plusieurs disciples sont allés au tombeau, ce qui s’applique probablement à des visites successives. Il est possible que Jean ait cédé ici à l’arrière-pensée, qui se trahit plus d’une fois en son Évangile, de montrer qu’il a eu dans l’histoire de Jésus un rôle de premier ordre, égal même à celui de Pierre. Peut-être aussi les déclarations répétées de Jean, qu’il a été témoin oculaire des faits fondamentaux de la foi chrétienne (Évang., i, 14 ; xxi, 24 ; I Joan., i, 1-3 ; iv, 14), doivent-elles s’appliquer à cette visite.