Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/93

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cœur était comme ardent pendant qu’il nous parlait dans le chemin ? » — « Et les prophéties qu’il citait prouvaient bien que le Messie doit souffrir pour entrer dans sa gloire. Ne l’as-tu pas reconnu à la fraction du pain ? » — « Oui, nos yeux étaient fermés jusque-là ; ils se sont ouverts quand il s’est évanoui. » La conviction des deux disciples fut qu’ils avaient vu Jésus. Ils rentrèrent en toute hâte à Jérusalem.

Le groupe principal des disciples était justement à ce moment-là rassemblé autour de Pierre[1]. La nuit était tout à fait tombée. Chacun communiquait ses impressions et ce qu’il avait entendu dire. La croyance générale voulait déjà que Jésus fût ressuscité. À l’entrée des deux disciples, on se hâta de leur parler de ce qu’on appelait « la vision de Pierre »[2]. Eux, de leur côté, racontèrent ce qui leur était arrivé dans la route et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain. L’imagination de tous se trouva vivement excitée. Les portes étaient fermées ; car on redoutait les Juifs. Les villes orientales sont muettes après le coucher du soleil. Le silence était donc par moments très profond à l’intérieur ; tous les petits

  1. Marc, xvi, 14 ; Luc, xxiv, 33 et suiv. ; Jean, xx, 19 et suiv. ; Évang. des hébr., dans saint Ignace, Epist. ad Smyrn., 3, et dans saint Jérôme, De viris ill., 16 ; I Cor., xv, 5. ; Justin, Dial. cum Tryph., 106.
  2. Luc, xxiv, 34.