Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/100

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tés modernes, où les hommes se touchent si peu. Les divisions des partis se font selon la religion chaque fois que la politique n’est pas le premier souci d’une cité. Une question religieuse tombant dans ces comités d’israélites fidèles mettait tout en feu, déterminait des schismes, des rixes. Le plus souvent, la question religieuse n’était qu’un brandon avidement saisi par des haines antérieures, un prétexte que l’on prenait pour se compter et se dénommer.

L’établissement du christianisme ne s’expliquerait pas sans les synagogues, dont le monde riverain de la Méditerranée était déjà couvert quand Paul et les autres apôtres se mirent en route pour leurs missions. Ces synagogues étaient d’ordinaire peu apparentes ; c’étaient des maisons comme d’autres, formant avec le quartier dont elles constituaient le centre et le lien un petit vicus ou angiport. Un signe distinguait ces quartiers : c’était l’absence d’ornements de sculpture vivante, ce qui forçait de recourir pour la décoration à des moyens gauches, emphatiques et faux. Mais ce qui mieux que toute autre chose désignait le quartier juif au nouveau débarqué de Séleucie ou de Césarée, c’était le signe de race, ces jeunes filles vêtues de couleurs éclatantes, de blanc, de rouge, de vert, sans teintes moyennes ; ces matrones