Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/101

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à la figure paisible, aux joues roses, au léger embonpoint, aux bons yeux maternels. Arrivé et bien vite accueilli, l’apôtre attendait le samedi. Il se rendait alors à la synagogue. C’était un usage, quand un étranger qui semblait instruit ou zélé se présentait, de l’inviter à dire au peuple quelques mots d’édification[1]. L’apôtre profitait de cet usage et exposait la thèse chrétienne. Jésus avait procédé exactement de cette manière[2]. L’étonnement était d’abord le sentiment général. L’opposition ne se faisait jour qu’un peu plus tard, lorsque des conversions s’étaient produites. Alors, les chefs de la synagogue en venaient aux violences : tantôt ils ordonnaient d’appliquer à l’apôtre le châtiment honteux et cruel qu’on infligeait aux hérétiques ; d’autres fois, ils faisaient appel aux autorités pour que le novateur fût expulsé ou bâtonné. L’apôtre ne prêchait les gentils qu’après les juifs. Les convertis du paganisme étaient en général les moins nombreux, et encore presque tous se recrutaient-ils dans les classes de la population qui étaient déjà en contact avec le judaïsme et portées à l’embrasser.

Ce prosélytisme, on le voit, n’atteignait que les

  1. Act., xiii, 14-16 ; xvi, 13, xvii, 2.
  2. Luc, iv, 16.