Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/103

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poursuit des traces antiques sur les mers du Midi. Ce fut la seconde poésie du christianisme. Le lac de Tibériade et ses barques de pêcheurs avaient fourni la première. Maintenant, un souffle plus puissant, des aspirations vers des terres plus lointaines nous entraînent en haute mer.

Le premier point où touchèrent les trois missionnaires fut l’île de Chypre, vieille terre mixte où la race grecque et la race phénicienne, d’abord placées côte à côte, avaient fini par se fondre à peu près. C’était le pays de Barnabé, et cette circonstance fut sans doute pour beaucoup dans la direction que prit la mission dès ses premiers pas. Chypre avait déjà reçu les semences de la foi chrétienne[1] ; en tout cas, la religion nouvelle comptait plusieurs Chypriotes dans son sein[2]. Le nombre des juiveries y était considérable[3]. Il faut songer d’ailleurs que tout ce cercle de Séleucie, Tarse, Chypre est fort peu étendu, que le petit groupe de juifs répandus sur ces points représente à peu près ce que seraient des familles parentes établies à Saint-Brieuc, Saint-Malo, Jersey. Paul et Barnabé sortaient donc

  1. Act., xi, 19.
  2. Act., xi, 20 ; XXI, 16.
  3. Jos., Ant., XIII, x, 4 ; XVII, xii, 1-2 ; Philon, Leg. ad Caium, § 36.