Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/109

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aussi que Paul, à l’exemple d’un grand nombre de juifs, eût deux noms[1], l’un hébreu, l’autre obtenu par grécisation ou latinisation grossière du premier (de même que les Joseph se faisaient appeler Hégésippe, etc.), et que ce soit seulement à partir du moment où il entra dans des rapports plus suivis et plus directs avec le monde païen, qu’il ait commencé à porter uniquement celui de Paul[2].

Nous ignorons combien de temps dura la mission de Chypre. Cette mission n’eut pas, évidemment, beaucoup d’importance, puisque Paul n’en parle pas dans ses épîtres et qu’il ne songea jamais à revoir les Églises qu’il avait fondées dans l’île. Peut-être les envisageait-il comme appartenant à Barnabé plus qu’à lui. Ce premier essai de voyage apostolique, en tout cas, fut décisif dans la carrière de Paul. Depuis ce temps, il prend un ton de maître[3]. Jusque-là, il avait été comme subordonné à Barnabé. Celui-ci était plus ancien dans l’Église ; il y avait été son introducteur et son garant ; on était plus sûr de lui. Dans le

  1. Inscr. dans Garrucci, Dissert. arch., II, p. 160 (Cocotio qui et Juda). Cf. Orelli, Inscr. lat., no 2522.
  2. Le nom de Paul est porté par un grand nombre de Ciliciens. V. Pape, Wœrt. der griech. Eigennamen, 2e édit., p. 1150.
  3. Cette transition est indiquée avec beaucoup de tact, Act., xiii, 1-13. Gal., ii, 1, 9, prouve que Paul même le prenait ainsi.