Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/110

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cours de la mission, les rôles changèrent. Le talent de Paul pour la prédication fit que l’office de la parole lui fut presque tout entier dévolu[1]. Désormais, Barnabé ne sera plus qu’un compagnon de Paul, quelqu’un de sa suite[2]. Avec une abnégation admirable, cet homme vraiment saint se prêtait à tout, laissant tout faire à son audacieux ami, dont il reconnaissait la supériorité. Il n’en était pas de même de Jean-Marc. Des dissentiments, qui bientôt devaient aboutir à une rupture, éclatèrent entre lui et Paul[3]. On en ignore la cause. Peut-être les principes de Paul sur les rapports des juifs et des gentils choquaient-ils les préjugés hiérosolymitains de Marc et lui paraissaient-ils en contradiction avec les idées de Pierre, son maître. Peut-être aussi cette personnalité sans cesse grandissante de Paul était-elle insupportable à ceux qui la voyaient chaque jour devenir plus envahissante et plus altière.

Il n’est pas probable, cependant, que dès lors Paul prît ou se laissât donner le titre d’apôtre[4]. Ce

  1. Act., xiv, 12.
  2. Act., xiii, 13.
  3. Act., xiii, 13 ; xv, 38-39.
  4. La première prise de possession de ce titre par Paul, qui nous soit connue, est en tête de l’Épitre aux Galates. Rappelons que l’auteur des Actes évite de le lui donner directement.