Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/115

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que où nous sommes, sa bizarre destinée. Alexandre d’Abonotique et Pérégrinus Protée allaient bientôt séduire des provinces, l’un par ses miracles, ses prophéties, ses grandes démonstrations de piété ; l’autre par ses roueries[1]. Artémidore d’Éphèse[2], Ælius Aristide[3] offrent le phénomène bizarre d’hommes associant des sentiments sincères et vraiment religieux à des superstitions ridicules, à des idées de charlatans. Dans aucune partie de l’empire, la réaction piétiste qui se produisit à la fin du premier siècle en faveur des cultes anciens et contre la philosophie positive ne fut plus caractérisée[4]. L’Asie Mineure était, après la Palestine, le pays le plus religieux du monde. Des

  1. Lucien, Alexander seu pseudomantis (ouvrage qui n’est pas un pur roman ; cf. Athénagore, Leg., 26, et les monnaies d’Abonotique) ; De morte Peregrini (même observation ; cf. Athénagore, l. c. ; Tatien, adv. Græc., 25 ; Aulu-Gelle, Noct. att., XII, 11 ; Philostrate, Vies des soph., II, i, 33 ; Eus., Chron., ad olymp. 236).
  2. Voir ses Onirocritiques.
  3. Voir sa vie, dans l’édition de ses œuvres (Dindorf), III, p. cxvi, etc. ; Mém. de l’Acad. des inscr. (nouv. série), XXVI, 1re part., p. 203 et suiv. Galien même, esprit si exercé, croit aux songes d’Esculape (voir le traité Diagnostic des maladies par le moyen des songes, et dans plusieurs endroits de ses écrits, 0pp., t. II, p. 29 ; X, 971 ; XI, 314 ; XV, 441 et suiv. ; XVII, 214 et suiv.). Strabon, si judicieux, croit aux prodiges des temples (XIII, iv, 14, par exemple).
  4. Lucien, Alexander seu pseudom., § 25, 44, 47.