Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/148

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convertit et s’adjoignit pour disciple, compagnon et collaborateur[1] un jeune homme incirconcis et né de parents païens, nommé Titus[2], qu’on voit désormais avec lui.

Un grave dissentiment, qui faillit anéantir l’œuvre de Jésus, éclata vers ce temps et mit l’Église naissante à deux doigts de sa perte. Ce dissentiment tenait à l’essence même de la situation ; il était inévitable ; c’était une crise que la religion nouvelle ne pouvait manquer de traverser.

Jésus, en portant la religion sur les plus hauts sommets où elle ait jamais été portée, n’avait pas dit bien clairement s’il entendait ou non rester juif. Il n’avait pas marqué ce qu’il voulait conserver du judaïsme. Tantôt, il soutenait qu’il était venu confirmer la Loi de Moïse, tantôt, la supplanter. À vrai dire, c’était là, pour un grand poëte comme lui, un détail insignifiant. Quand on est arrivé à connaître le Père céleste, celui qu’on adore en esprit et en vérité, on n’est plus d’aucune secte, d’aucune religion particulière, d’aucune école. On est de la religion vraie ; toutes les pratiques deviennent indifférentes ; on ne les méprise pas, car ce sont des signes qui ont été

  1. II Cor., viii, 23.
  2. Gal., ii, 1, 3 ; Tit., i, 4.