Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/165

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lument indépendante. Il n’avait passé que quinze jours à Jérusalem depuis sa conversion et depuis onze ans il n’y avait pas mis le pied[1]. Aux yeux de plusieurs il était une sorte d’hérétique, enseignant pour son propre compte et à peine en communion avec le reste des fidèles. Il déclarait fièrement qu’il avait eu sa révélation, son Évangile. Aller à Jérusalem, c’était, du moins en apparence, renoncer à sa liberté, soumettre son Évangile à celui de l’Église mère, apprendre d’autrui ce qu’il savait par une révélation propre et personnelle. Il ne niait pas les droits de l’Église mère ; mais il s’en défiait, parce qu’il connaissait l’obstination de quelques-uns de ses membres. Il prit donc ses précautions pour ne pas trop s’engager. Il déclara qu’en allant à Jérusalem, il ne cédait à aucune injonction ; il feignit même, selon une prétention qui lui était habituelle[2], d’obéir en cela à un ordre du ciel, et d’avoir eu à ce sujet une révélation[3]. Il prit avec lui son disciple Titus, qui partageait toutes ses idées, et

  1. Gal., ii, 1. Il semblerait plus naturel de dire « quatorze » ans. Mais, si l’on ne compte pas les quatorze ans à partir du moment de la conversion (cf. ibid., i, 17-18), on tombe dans des difficultés de chronologie presque insolubles.
  2. Comp. Act., XXVI, 16, etc.
  3. Gal., ii, 2.