Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/171

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était, ce semble, en entière conformité d’idées avec lui[1].

En résumé, l’Église de Jérusalem s’était de plus en plus éloignée de l’esprit de Jésus. Le poids de plomb du judaïsme l’avait entraînée. Jérusalem était pour la foi nouvelle un milieu malsain et qui aurait fini par la perdre. Dans cette capitale du judaïsme, il était fort difficile de cesser d’être juif. Aussi, les hommes nouveaux comme saint Paul évitaient-ils presque systématiquement d’y résider. Forcés maintenant, sous peine de se séparer de l’Église primitive, de venir conférer avec leurs anciens, ils se trouvaient dans une position pleine de malaise, et l’œuvre, qui ne pouvait vivre qu’à force de concorde et d’abnégation, courait un immense danger.

L’entrevue, en effet, fut singulièrement tendue et embarrassée[2]. On écouta d’abord avec faveur le

  1. Jud., 1 et toute l’épître. Cf. Matth., xiii, 55 ; Marc, vi, 3.
  2. L’histoire de cet épisode capital nous est connue par deux récits, Act., xv et Gal., ii. Ces deux récits offrent des divergences très-graves. Naturellement, pour l’exactitude des faits matériels, c’est celui de Paul qui doit être préféré. L’auteur des Actes écrit sous le coup d’une forte préoccupation politique. Il est, pour la doctrine, du parti favorable aux païens ; mais, dans les questions de personnes, il est bien plus mou que Paul ; il veut effacer la trace des dissentiments qui ont existé ; enfin, il veut donner une base à la théorie qui tendait à prévaloir sur le pouvoir de l’Église assem-