Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/177

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jour. On admit la légitimité de la conversion des gentils ; on déclara qu’il était inutile de les inquiéter en ce qui concerne la circoncision, qu’il fallait seulement maintenir quelques prescriptions intéressant la morale ou dont la suppression eût trop vivement choqué les juifs[1]. Pour rassurer le parti des pharisiens, on faisait remarquer que l’existence de la Loi n’était pas pour cela compromise, que Moïse avait depuis un temps immémorial et aurait toujours des gens pour le lire dans les synagogues[2]. Les juifs convertis restaient ainsi soumis à toute la Loi, et l’exemption ne regardait que les païens convertis[3]. Dans la pratique, d’ailleurs, on devait éviter de choquer ceux qui avaient des idées plus étroites. Ce furent probablement les esprits modérés, auteurs de cette transaction passablement contradictoire[4], qui conseillèrent à Paul de porter Titus à se laisser circoncire. Titus, en effet, était devenu une des principales difficultés de la situation. Les pharisiens con-

  1. Act., xv, 13-21.
  2. C’est là le sens du verset xv, 21. Les pharisiens n’envisageaient pas la Loi comme devant s’appliquer au genre humain tout entier ; ce qui était essentiel à leurs yeux, c’est qu’il y eût toujours une tribu sainte qui l’observât et offrît une réalisation vivante de l’idéal révélé.
  3. Comp. Act., xxi, 20 et suiv.
  4. Comp. Act., xxi, 20-25.