Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/178

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vertis de Jérusalem supportaient volontiers l’idée que, bien loin d’eux, à Antioche ou au fond de l’Asie Mineure, il y avait des chrétiens incirconcis. Mais en voir à Jérusalem, être réduit à les fréquenter et à commettre ainsi une flagrante violation de cette Loi à laquelle ils tenaient par le fond de leurs entrailles, voilà ce à quoi ils ne se résignaient pas.

Paul accueillit une telle demande avec infiniment de précautions. Il fut bien convenu que ce n’était pas comme une nécessité qu’on demandait la circoncision de Titus, que Titus restait chrétien dans le cas où il n’accepterait pas cette cérémonie, mais qu’on la lui demandait comme une marque de condescendance pour des frères dont la conscience était engagée et qui autrement ne pourraient pas avoir de rapports avec lui. Paul consentit, non sans quelques paroles dures contre les auteurs d’une telle exigence, contre « ces intrus qui n’étaient entrés dans l’Église que pour diminuer la somme des libertés créées par Jésus[1] ». Il protesta qu’il ne soumettait en rien son opinion à la leur, que la concession qu’il faisait n’était que pour cette fois seulement et en vue du bien de la paix. Avec de telles réserves, il donna son consentement, et Titus fut circoncis. Cette transaction

  1. Gal., ii, 4.