Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/205

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Un trait capital, en tout cas, qu’il importe déjà de noter, c’est que l’Église de Rome ne fut pas, comme les Églises d’Asie Mineure, de Macédoine et de Grèce, une fondation de l’école de Paul. Ce fut une création judéo-chrétienne, se rattachant directement à l’Église de Jérusalem[1] Paul ici ne sera jamais sur son terrain ; il sentira dans cette grande Église bien des faiblesses qu’il traitera avec indulgence, mais qui blesseront son idéalisme exalté[2]. Attachée à la circoncision et aux pratiques extérieures[3] ébionite[4] par son goût pour les abstinences[5] et par sa doctrine, plus juive que chrétienne, sur la personne et la mort de Jésus[6], fortement attachée au millénarisme[7], l’Église romaine offre dès

  1. Act., xviii, 2 ; Comment. [du diacre Hilaire] sur les Épîtres de saint Paul, à la suite des Œuvres de saint Ambroise, édition des bénédictins, t. II, 2e partie (Paris, 1686), col. 25 et 30. Ce commentaire est d’un homme fort au courant des traditions de l’Église romaine.
  2. Rom., xiv (?), xv, 1-13.
  3. Rom., xiv (?), xv, 8. Cf. Tacite, Hist., V, 5.
  4. Épiph., hær. xxx, 18. Comp. xxx, 2, 15. 16, 17.
  5. Rom., xiv (?), Homél. pseudo-clément., xiv, 1.
  6. Commentaire [d’Hilaire] précité, ibid. Comp. l’allégation d’Artémon, dans Eusèbe, H. E., V, 28 ; Homél. pseudo-clém. (ouvrage d’origine romaine), xvi, 14 et suiv.
  7. Voilà pourquoi la littérature judéo-chrétienne et millénariste s’est mieux conservée en latin qu’en grec (4e livre d’Esdras, Petite