Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/21

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des idées gnostiques qui prévalurent au iie siècle. On peut même dire, en un sens, que ces idées étaient antérieures au christianisme, et que le christianisme naissant y fit plus d’un emprunt. En somme, l’épître aux Colossiens, quoique pleine de singularités, ne renferme aucune de ces impossibilités qu’offrent les épîtres à Tite et à Timothée ; elle présente même beaucoup de traits qui repoussent l’hypothèse d’un faux. De ce nombre est sûrement sa connexité avec le billet à Philémon. Si l’épître est apocryphe, le billet est apocryphe aussi ; or, peu de pages ont un accent de sincérité aussi prononcé ; Paul seul, autant qu’il semble, a pu écrire ce petit chef-d’œuvre. Les épîtres apocryphes du Nouveau Testament, par exemple celles à Tite et à Timothée, sont gauches et lourdes ; l’épître à Philémon ne ressemble en rien à ces pastiches fastidieux.

Enfin, nous verrons bientôt que l’épître dite aux Éphésiens est en partie copiée de l’épître aux Colossiens ; ce qui semble supposer que le rédacteur de l’épître dite aux Éphésiens tenait bien l’épître aux Colossiens pour un original apostolique. Notons aussi que Marcion, qui fut en général si bien inspiré dans la critique des écrits de Paul, Marcion, qui repoussait avec tant de justesse les épîtres à Tite et à Timothée, admettait sans objection dans son