Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/217

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ne sait ce qui détourna saint Paul de porter ses efforts de ce côté. « Le Saint-Esprit, dit le narrateur des Actes, l’empêcha d’aller prêcher en Asie. » Les apôtres, il faut se le rappeler, étaient censés obéir, dans la direction de leurs courses, à des inspirations d’en haut. Tantôt c’étaient des motifs réels, des réflexions ou des indications positives qu’ils dissimulaient sous ce langage ; tantôt aussi c’était l’absence de motifs. L’opinion que Dieu fait connaître à l’homme ses volontés par les songes était fort répandue[1], comme elle l’est encore de nos jours en Orient. Un rêve, une impulsion soudaine, un mouvement irréfléchi, un bruit inexpliqué (bath kôl)[2], leur paraissaient des manifestations de l’Esprit, et décidaient de la marche de la prédication[3].

Ce qu’il y a de certain, c’est que, d’Antioche de Pisidie, au lieu de se porter vers les brillantes provinces du sud-ouest de l’Asie Mineure, Paul et ses compagnons s’enfoncèrent de plus en plus vers le centre de la presqu’île, formé de provinces bien moins célèbres et moins civilisées. Ils traversèrent la

  1. Même Galien y croit. De libris propriis, ch. ii (Opp., t. XIX, p. 18-19, édit. Kühn).
  2. Voir Buxtorf, Lex. chald., talm., rabb., au mot בת קול.
  3. Act., viii, 26, 28, 39, 40 ; xvi, 6, 7, 9.