Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/23

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une vive surprise en le voyant, dans tout le cours d’une lettre adressée à ces mêmes Éphésiens, « que durant trois ans il n’a cessé d’exhorter jour et nuit avec larmes, » perdre toutes les occasions qui se présentent à lui de leur rappeler son séjour parmi eux, en le voyant, dis-je, se renfermer obstinément dans la philosophie abstraite, ou, ce qui est plus singulier, dans des formules émoussées pouvant convenir à la première Église venue[1]. Combien il en est autrement dans les épîtres aux Corinthiens, aux Galates, aux Philippiens, aux Thessaloniciens, même dans l’épître à ces Colossiens que pourtant l’apôtre ne connaissait qu’indirectement ! L’épître aux Romains est la seule qui à cet égard ressemble un peu à la nôtre. Comme la nôtre, l’épître aux Romains est un exposé doctrinal complet, tandis que, dans les épîtres adressées à des lecteurs qui ont reçu de lui l’Évangile, Paul suppose toujours connues les bases de son enseignement, et se contente d’insister sur quelque point qui a de l’à-propos. Comment se fait-il que les deux seules lettres impersonnelles de Paul soient, d’une part, une épître adressée à une Église qu’il n’avait jamais

  1. Eph., i, 13, 15 ; ii, 11 et suiv. ; iii, 1-13 ; iv, 20, etc. Notez surtout les passages iii, 2 ; iv, 21, lesquels supposent que, parmi les gens à qui Paul s’adresse, il peut s’en trouver qu’il ne connaisse pas.