Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/232

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fréries y étaient florissantes, en particulier sous le patronage du dieu Sylvain[1], considéré comme une sorte de génie tutélaire de la domination latine[2]. Les mystères du Bacchus de Thrace[3] couvraient des idées élevées sur l’immortalité, et rendaient familières à la population des images de la vie future et d’un paradis idyllique fort analogues à celles que le christianisme devait répandre[4]. Le polythéisme était en ces contrées moins compliqué qu’ailleurs. Le culte de Sabazius, commun à la Thrace et à la Phrygie, en rapport étroit avec l’ancien orphisme, et rattaché encore par le syncrétisme du temps aux mystères dionysiaques, renfermait des germes de monothéisme[5]. Un certain goût de simplicité enfantine[6] préparait les voies à l’Évangile. Tout indique des habitudes honnêtes, sérieuses et douces. On se sent dans un milieu ana-

  1. Cultores sancti Silvani, Heuzey, p. 69 et suiv.
  2. Orelli, Inscr. lat., no 1800 ; Steiner, Inscr. Germ., no 1275.
  3. Sur le culte de Bacchus à Philippes, voir Appien, Guerres civ., IV, 106 ; Heuzey, p. 79-80.
  4. Heuzey, p. 39. Voir surtout la belle inscription de Doxato : Heuzey, p. 128 et suiv. Cf. Comptes rendus de l’Acad. des inscr., juillet 1868, p. 219 et suiv. Comparez le tombeau sabazien de Vibia, à Rome (Garrucci, Tre sepolcri, etc., Napoli, 1852).
  5. Strabon, X, iii, 16 ; Schol. d’Arist., in Vesp., 9 ; Macrobe, Saturn., I, 18 ; Heuzey, p. 28-31, 80 ; Wagener, Inscr. d’Asie Min., p. 3 et suiv.
  6. Inscription de Doxato.