Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/252

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des troubles. Ils recrutèrent une bande d’oisifs, de vagabonds, de ces badauds de toute sorte qui, dans les villes antiques, passaient le jour et la nuit sous les colonnes des basiliques, prêts à faire du bruit pour qui les payait. Tous ensemble allèrent assaillir la maison de Jason. On demanda Paul et Silas à grands cris ; comme on ne les trouva pas, les émeutiers garrottèrent Jason, avec lui quelques-uns des fidèles, et les menèrent aux politarques[1] ou magistrats. On entendait les cris les plus confus : « Les révolutionnaires sont dans la ville, disaient les uns, et Jason les a reçus. » — « Tous ces gens-là, disaient d’autres, sont en révolte contre les édits de l’empereur. » — « Ils ont un roi qu’ils appellent Jésus, » disait un troisième. Le trouble était grand, et les politarques n’étaient pas sans crainte. Ils forcèrent Jason et les fidèles qui avaient été arrêtés avec lui à donner caution, et les renvoyèrent. La nuit suivante, les frères menèrent Paul et Silas hors de la ville, et les firent conduire à Bérée[2]. Les vexations des juifs continuèrent contre la petite Église, mais ne firent que la consolider[3].

  1. Comp. l’inscription de Thessalonique, Corp. i. gr., no 1967.
  2. Existe encore aujourd’hui sous son nom (Véria ou Kara-Verria). Cf. Cousinéry, I, 57 et suiv. ; Leake, III, 290 et suiv.
  3. I Thess., ii, 14 ; iii, 3, 5 ; II Thess., i, 4 et suiv.