Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/262

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conservatrice de ses vieux monuments, préférant les souvenirs archaïques à des rues tirées au cordeau[1]. Tant de merveilles touchèrent peu l’apôtre ; il vit les seules choses parfaites qui aient jamais existé, qui existeront jamais, les Propylées, ce chef-d’œuvre de noblesse, le Parthénon, qui écrase toute autre grandeur que la sienne, le temple de la Victoire sans ailes, digne des batailles qu’il consacra, l’Érechthéum, prodige d’élégance et de finesse, les Errhéphores, ces divines jeunes filles, au port si plein de grâce ; il vit tout cela, et sa foi ne fut pas ébranlée ; il ne tressaillit pas. Les préjugés du juif iconoclaste, insensible aux beautés plastiques, l’aveuglèrent ; il prit ces incomparables images pour des idoles : « Son esprit, dit son biographe, s’aigrissait en lui-même, quand il voyait la ville remplie d’idoles[2]. » Ah ! belles et chastes images, vrais dieux et vraies déesses, tremblez ; voici celui qui lèvera contre vous le marteau. Le mot fatal est prononcé : vous êtes des idoles ; l’erreur de ce laid petit Juif sera votre arrêt de mort.

Entre tant de choses qu’il ne comprit pas, il y en

  1. Fragm. hist. græc. de Ch. Müller, II, p, 254 ; Philostrate, Apoll., II, 23.
  2. Act., xvii, 16. Sur le sens de κατείδωλος, voir Schleusner, s. h. v.