Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/266

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que c’était un dieu sans nom, un dieu incertain[1]. Peut-être fut-ce aussi dans quelque cérémonie religieuse ou dans quelque discussion philosophique que Paul entendit l’hémistiche

Τοῦ γὰρ καὶ γένος ἐσμέν,


emprunté à l’hymne de Cléanthe à Jupiter ou aux Phénomènes d’Aratus[2], et qui était d’un usage fréquent dans les hymnes religieux[3]. Il groupait dans son esprit ces traits de couleur locale, et cherchait à en composer un discours approprié à son nouvel auditoire, car il sentait qu’il faudrait ici modifier profondément sa prédication.

Certes, il s’en fallait beaucoup qu’Athènes fût alors ce qu’elle avait été durant des siècles, le centre du progrès humain, la capitale de la république des esprits. Fidèle à son ancien génie, cette mère divine de tout art fut un des derniers asiles du libéralisme et de l’esprit républicain. C’était ce qu’on peut appeler une ville d’opposition. Athènes fut toujours pour les causes perdues ; elle se déclara énergiquement pour

  1. Lucain, II, 592-93. Cf. Philon, Leg. ad Caium, § 44.
  2. Act., xvii, 23, 28. Voir ci-dessous, p. 196.
  3. Il est probable, en effet, que Cléanthe et Aratus l’empruntèrent eux-mêmes à des hymnes plus anciens, et qui étaient dans toutes les bouches.