Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/272

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choyés comme des héros. Antoine aimait Athènes et y demeurait volontiers[1]. Après la bataille d’Actium, Auguste pardonna pour la troisième fois ; son nom comme celui de César resta attaché à un monument considérable[2] ; sa famille et son entourage passèrent à Athènes pour des bienfaiteurs[3]. Les Romains tenaient beaucoup à constater qu’ils laissaient Athènes libre et honorée[4]. Enfants gâtés de la gloire, les Grecs vivaient dès lors des souvenirs de leur passé. Germanicus ne voulut, pendant qu’il demeura dans Athènes, être précédé que d’un seul licteur[5]. Néron, qui pourtant n’était pas superstitieux[6], n’osa point y entrer, par crainte des Furies qui demeuraient sous l’Aréopage, de ces terribles « Semnes », que les parricides redoutaient ; le souvenir d’Oreste le faisait trembler ; il n’osa pas non plus affronter les mystères d’Éleusis, au début desquels le héraut criait que les scélérats et les impies n’eussent garde d’approcher[7].

  1. Appien, Guerres civ., V, 7, 76 ; Plut., Vie d’Antoine, 33, 34.
  2. Corp. inscr. gr., nos 312, 477.
  3. Corp. inscr. gr., no 309 et suiv., 365 et suiv.
  4. Strabon, IX, i, 20.
  5. Tacite, Ann., II, 53.
  6. Suétone, Néron, 56.
  7. Suétone, Néron, 34 ; Dion Cassius, LXIII, 14. Cf. Pausanias, I, xxviii, 6.