Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/289

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prenant ou feignant de prendre le langage scientifique, parlant avec complaisance ou politesse de la raison, qu’ils décrient d’un autre côté, voulant faire croire par des citations habilement groupées qu’au fond on peut s’entendre entre gens lettrés, mais amenés à d’inévitables malentendus dès qu’ils s’expliquent clairement et parlent de leurs dogmes surnaturels. On sent déjà l’effort pour traduire dans le langage de la philosophie grecque les idées juives et chrétiennes ; on entrevoit Clément d’Alexandrie et Origène. Les idées bibliques et celles de la philosophie grecque aspirent à s’embrasser ; mais elles auront pour cela bien des concessions à se faire ; car ce Dieu dans lequel nous vivons et nous nous mouvons est fort loin du Jéhovah des prophètes et du Père céleste de Jésus.

Il s’en faut que les temps soient déjà mûrs pour une telle alliance ; d’ailleurs, ce n’est pas à Athènes qu’elle se fera. Athènes, au point où l’avaient amenée les siècles, cette ville de grammairiens, de gymnastes et de maîtres d’armes, était aussi mal disposée qu’on pouvait l’être à recevoir le christianisme. La banalité, la sécheresse de cœur de l’homme d’école, sont des péchés irrémissibles aux yeux de la grâce. Le pédagogue est le moins convertissable des hommes ; car il a une religion à lui, qui est sa routine, la foi en