Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/292

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chement aux vieux souvenirs du pays, détournaient les Grecs des cultes exotiques. « L’hellénisme » devenait une religion organisée, presque raisonnable, admettant une large part de philosophie ; les « dieux de la Grèce » semblaient vouloir être des dieux universels pour l’humanité.

Ce qui caractérisait la religion du Grec autrefois, ce qui la caractérise encore de nos jours, c’est le manque d’infini, de vague, d’attendrissement, de mollesse féminine ; la profondeur du sentiment religieux allemand et celtique manque à la race des vrais Hellènes. La piété du Grec orthodoxe consiste en pratiques et en signes extérieurs. Les églises orthodoxes, parfois très-élégantes, n’ont rien des terreurs qu’on ressent dans une église gothique[1]. En ce christianisme oriental, point de larmes, de prières, de componction intérieure. Les enterrements y sont presque gais ; ils ont lieu le soir, au soleil couchant, quand les ombres sont déjà longues, avec des chants à mi-voix et un déploiement de couleurs voyantes. La gravité fanatique des Latins déplaît à ces races vives, sereines, légères. L’infirme n’y est pas abattu : il voit doucement venir la mort ; tout sourit autour

  1. Se rappeler surtout les délicieuses petites églises byzantines d’Athènes.