Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/309

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nos jours, moins une ville qu’un amas de magasins et d’auberges pour les mariniers. Au milieu de la corruption de ces taudis de gens de mer, le christianisme fit son miracle. Kenchrées eut une diaconesse admirable, qui, un jour, nous le verrons plus tard, cacha sous les plis de son vêtement de femme tout l’avenir de la théologie chrétienne, l’écrit qui devait régler la foi du monde. Elle se nommait Phœbé : c’était une personne active, allante, toujours empressée à rendre service et qui fut très-précieuse à Paul[1].

Le séjour de Paul à Corinthe fut de dix-huit mois[2]. Le beau rocher de l’Acrocorinthe, les sommets neigeux de l’Hélicon et du Parnasse, reposèrent longtemps ses regards. Paul contracta dans cette nouvelle famille religieuse de profondes amitiés, bien que le goût des Grecs pour la dispute lui déplût, et que plus d’une fois sa timidité naturelle eût été augmentée par la disposition de ses auditeurs à la subtilité[3]. Il ne pouvait se détacher de Thessalonique, de la simplicité qu’il y avait trouvée, des vives affections qu’il y avait laissées. L’Église de Thessalo-

  1. Rom., xvi, 1-2.
  2. Act., xviii, 4 et suiv. Peut-être même fut-il plus long, si le laps de temps mentionné au verset 18 doit être ajoute à celui qui est indiqué v. 11.
  3. I Cor., ii, 3.