Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/314

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déclarant incompétent dans une question de schisme et d’hérésie ; mais que les gens d’esprit ont parfois peu de prévoyance ! Il s’est trouvé plus tard que la querelle de ces sectaires abjects était la grande affaire du siècle. Si, au lieu de traiter la question religieuse et sociale avec ce sans gêne, le gouvernement se fût donné la peine de faire une bonne enquête impartiale, de fonder une solide instruction publique, de ne pas continuer à donner une sanction officielle à un culte devenu complètement absurde ; si Gallion eût bien voulu se faire rendre compte de ce que c’était qu’un juif et un chrétien, lire les livres juifs, se tenir au courant de ce qui se passait dans ce monde souterrain ; si les Romains n’avaient pas eu l’esprit si étroit, si peu scientifique, bien des malheurs eussent été prévenus. Chose étrange ! Voilà en présence, d’une part, un des hommes les plus spirituels et les plus curieux, de l’autre une des âmes les plus fortes et les plus originales de son temps, et ils passent l’un devant l’autre sans se toucher, et, sûrement, si les coups de poing fussent tombés sur Paul au lieu de tomber sur Sosthène, Gallion s’en serait également peu soucié. Une des choses qui font commettre le plus de fautes aux gens du monde est la superficielle répulsion que leur inspirent les gens mal élevés ou