Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/333

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étaient sévèrement condamnées ; les femmes, en général, étaient étroitement voilées ; aucun des soucis d’une pudicité timide n’était omis[1] ; mais la pudeur est aussi une volupté, et le rêve d’idéal qui est en l’homme est susceptible de mille applications. Qu’on lise les Actes de sainte Perpétue, la légende de sainte Dorothée, ce sont là des héroïnes d’une pureté absolue ; mais qu’elles ressemblent peu à une religieuse de Port-Royal ! Ici, une moitié des instincts de l’humanité est supprimée ; là, ces instincts, que plus tard on devait tenir pour des suggestions sataniques, ont reçu seulement une direction nouvelle. On peut dire que le christianisme primitif fut une sorte de romantisme moral, une énergique révulsion de la faculté d’aimer. Le christianisme ne diminua pas cette faculté, il ne prit contre elle aucune précaution, il ne la mit pas en suspicion ; il la nourrit d’air et de jour. Le danger de ces hardiesses ne se révélait pas encore. Le mal était, dans l’Église, en quelque sorte impossible ; car la racine du mal, qui est le mauvais désir, était ôtée.

Le rôle de catéchiste était souvent rempli par des

  1. Tertullien, De cultu feminarum entier, et surtout Ad uxorem, II, 3, et De virginibus velandis, 16, en tenant compte des exagérations d’austérité particulières à cet écrivain.