Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/335

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naient des éloges et des termes de tendresse. L’esprit de famille, l’union du mari et de la femme, leur estime réciproque, la reconnaissance du mari pour les soins et la prévoyance de sa femme, respirent d’une manière touchante dans les inscriptions juives[1], qui en ceci ne faisaient que refléter le sentiment des classes humbles où la propagande chrétienne recrutait des adeptes. Chose singulière ! les idées les plus relevées sur la sainteté du mariage ont été répandues dans le monde par un peuple chez lequel la polygamie n’a jamais été universellement interdite[2]. Mais il faut que, dans la fraction de la société juive où se forma le christianisme, la polygamie fût abolie de fait, puisque jamais on ne voit l’Église songer qu’une telle énormité ait besoin d’être condamnée.

La charité, l’amour des frères était la loi suprême, commune à toutes les Églises et à toutes les

    ant. Ebrei, p. 68, l’éloge d’une femme juive qui a vécu μόνανδρος μετὰ παρθενικοῦ αὐτῆς. Cf. Corp. inscr. gr., no 9905 ; de Rossi, Roma sott., I, tav. xxix, no 1.

  1. Voir les inscriptions juives publiées par Kirchhoff et Garrucci, en particulier les deux belles inscriptions de Garrucci, Cimitero, p. 68.
  2. Voir Code rabbinique (de Joseph Karo), traduit par MM. Sautayra et Charleville (Alger, 1868), I, p. 41 et suiv.