Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/348

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levait alors[1] et prononçait, par l’impulsion de l’Esprit, des discours de formes diverses, qu’il nous est difficile de distinguer aujourd’hui, psaumes, cantiques d’action de grâces, eulogies, prophéties, révélations, leçons, exhortations, consolations, exercices de glossolalie[2]. Ces improvisations, considérées comme des oracles divins[3], étaient tantôt chantées, tantôt prononcées d’une manière plane[4]. On s’y invitait réciproquement ; chacun excitait l’enthousiasme des autres ; c’était ce qu’on appelait « chanter à Dieu[5] ». Les femmes gardaient le silence[6]. Comme tous se croyaient sans cesse visités par l’Esprit, chaque image, chaque son qui traversait le cerveau des croyants paraissait renfermer un sens profond, et, avec la meilleure bonne foi du monde, ils tiraient une vraie nourriture de l’âme de pures illusions. Après chaque eulogie, chaque prière ainsi improvisée, la foule s’unissait à l’inspiré par le mot Amen[7]. Pour marquer les actes divers de la séance mystique, le président intervenait ou par l’invitation

  1. I Cor., xiv, 30.
  2. I Cor., xii, 8-10, 28-30 ; xiv, 6, 15, 16, 26 ; Col., iii, 16.
  3. Λόγια θεοῦ. I Petri, iv, 11.
  4. Tertullien, Apol., 39 ; Clém. Alex., Pædag., II, 165.
  5. Col., iii, 16 ; Eph., v, 19 ; Tertullien, loc. cit.
  6. I Cor., xiv, 34.
  7. I Cor., xiv, 16 ; Justin, Apol. I, 65, 67.