Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/358

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au ive siècle[1]. Les « eulogies » ou « pain bénit » restèrent alors le seul souvenir d’un âge où l’eucharistie avait revêtu des formes plus complexes et moins nettement analysées. Longtemps encore, cependant, on garda l’habitude d’invoquer le nom de Jésus en buvant[2], et on continua de considérer comme une eulogie l’action de rompre le pain et de boire ensemble[3] : c’étaient là les dernières traces, et des traces bien effacées, de l’admirable institution de Jésus.

Le nom que portèrent à l’origine les festins eucharistiques rendait admirablement tout ce qu’il y avait dans ce rite excellent d’efficacité divine et de salutaire moralité. On les appelait agapæ c’est-à-dire « amitiés », ou « charités[4] ». Les juifs, les esséniens surtout, avaient déjà attaché des sens moraux au

  1. Conc. de Laodicée, canon 28 ; troisième concile de Carthage, canons 24, 29, 30. Saint Augustin, saint Ambroise y sont fort contraires.
  2. Saint Grégoire de Naz., Orat. iv (i in Jul.), § 84 ; Sozomène, H. E., V, 17, et les verres antiques décrits par Buonarruoti et Garrucci.
  3. Grég. de Tours, Hist. eccl. Fr., VI, 5 ; VIII, 2 ; Vita S. Melanii, c. 4 (Acta SS., 6 jan.).
  4. Épître de Jude, 12. Comp. II Petri, ii, 13. Cf. Sancti Ignatii (ut fertur) Epist. ad Smyrn., 8 (édit. Petermann) ; Clem. d’Alex., Pædag., II, 1 ; Tertullien, Apol., 39 ; le même, De jejun., 17 ; Constit. apost., II, 28.