Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/36

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vue de l’avenir[1]. Mais ces arguments, qui seraient à eux seuls décisifs, je peux m’en passer. Je ne me servirai pour prouver ma thèse que de raisonnements en quelque sorte matériels ; j’essayerai de démontrer qu’il n’y a moyen de faire rentrer ces épîtres ni dans le cadre connu, ni même dans le cadre possible de la vie de saint Paul.

Une observation préliminaire très-importante, c’est la similitude parfaite de ces trois épîtres entre elles, similitude qui oblige de les admettre toutes trois comme authentiques ou de les repousser toutes trois comme apocryphes. Les traits particuliers qui les séparent profondément des autres épîtres de saint Paul sont les mêmes. Les expressions étrangères à la langue de saint Paul qu’on y remarque se trouvent également dans les trois. Les défauts qui en rendent le style indigne de Paul sont identiques. C’est quelque chose d’assez bizarre que, chaque fois que saint Paul prend la plume pour écrire à ses disciples, il oublie sa façon habituelle, tombe dans les mêmes lenteurs, les mêmes idiotismes. Le fond des idées donne lieu à une observation analogue. Les trois épîtres sont pleines de vagues conseils, d’exhortations morales, dont Timothée et Tite, familiarisés par

  1. Observez l’insignifiance du passage I Tim., iii, 14-15, qui cherche à donner la raison de ces inutiles longueurs.