Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/365

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lui-même y arrivera : les formules les plus avancées que nous trouverons dans l’Épître aux Colossiens existent déjà en germe dans les épîtres plus anciennes. « Nous n’avons qu’un seul Dieu, le Père, d’où tout vient, et par lequel nous sommes ; nous n’avons qu’un seul Seigneur, Jésus-Christ, par lequel tout existe[1]. » Quelques mots de plus, et Jésus sera le logos créateur[2] ; les formules les plus exagérées des consubstantialistes du ive siècle peuvent déjà, être pressenties.

L’idée de la rédemption chrétienne subissait dans les Églises de Paul une transformation analogue. On connaissait peu les paraboles, les enseignements moraux de Jésus ; les Évangiles n’existaient pas encore. Christ, pour ces Églises, n’est presque pas un personnage réel, ayant vécu ; c’est l’image de Dieu[3], un ministre céleste, ayant pris sur lui les péchés du monde[4], chargé de réconcilier le monde avec Dieu ; c’est un rénovateur divin, recréant tout à nouveau et abrogeant le passé[5]. Il est mort pour tous ; tous sont morts par lui au monde et ne doivent plus vivre que

  1. I Cor., viii, 6.
  2. Coloss., i, 16 ; Jean, i, 3. Cf. Philon, De cherubim, § 35.
  3. II Cor., iv, 4.
  4. II Cor., v, 18-21.
  5. II Cor., v, 17